Les Oracle Sisters pourraient tout aussi bien s’appeler le groupe Wes Anderson. Le trio basé à Paris, composé de Lewis Lazar, Christopher Willatt et Julia Johansen, crée ensemble un son indie folk teinté de sépia, à la fois nostalgique, fantaisiste, poignant et ludique. Leur premier album, « Hydranism », ressemble beaucoup à une immersion dans l’un des paysages cinématographiques vivement imaginés par Anderson.
Rien de tout cela ne vise à souligner un manque d’originalité de la part des Oracle Sisters, mais plutôt à dire qu’ils, tout comme le réalisateur estimé, créent une œuvre d’art significative qui prospère grâce à son charme et sa nostalgie. De leurs pochettes d’album à leur présence soigneusement élaborée sur scène et sur les réseaux sociaux, ils dégagent une atmosphère d’une époque révolue où un groupe de musique représentait bien plus que la musique qu’il produisait, mais le monde qu’il habitait. Cette attention portée aux détails esthétiques vient seulement compléter et enrichir l’expérience musicale, et la meilleure partie des Oracle Sisters est que la substance est à la hauteur du style.
S’inspirant du jazz café des années 1950, de la psychédélie baroque des années 1960, des ballades folk des années 1970 et de la synth-pop onirique des années 1980, leur musique incarne une intemporalité riche qui ne semble pas figée. Leurs arrangements sont imprégnés de sonorités chaudes et analogiques, au cœur desquels se trouvent des guitares acoustiques, une basse, un piano droit poussiéreux, une batterie au son sec et une machine à bande, ce qui confère une touche authentique à leurs compositions. Il est agréable d’entendre chaque membre du groupe échanger les rôles vocaux, et Christopher, qui semble chanter la plupart des parties principales, possède une voix à la Dylan parfaitement adaptée à ce style. Bien que ce soit le premier album des Oracle Sisters, ce n’est guère leur première expérience. Les Oracle Sisters ont montré leur potentiel depuis qu’ils ont commencé à sortir une série de singles il y a quatre ans, accompagnés de clips musicaux mémorables.
Hydranism est donc un effort raffiné et cela s’entend. En se retirant sur l’île grecque d’Hydra au début de la pandémie, le groupe a eu tout le temps et l’espace nécessaires pour écrire les onze morceaux qui composent Hydranism. Bien que l’album s’ouvre avec ce qui est probablement ses titres les plus forts, « Tramp Like You », « Hail Mary », « RBH » et « Hot Summer », il ne faiblit pas en termes de qualité. Chacune des onze chansons se fond harmonieusement, créant une narration fluide qui donne l’impression d’une collection de mini-vignettes musicales, chacune ayant sa propre personnalité distincte. Pour les fans des Oracle Sisters, cette sortie était très attendue, et le groupe a fait preuve d’assurance et de légèreté.
Venez pour les vibes, restez pour la musique.