À Montréal, l’ensemble OktoEcho, dirigé par la compositrice Katia Makdissi-Warren, réunit dans une proposition artistique originale les univers musicaux des Premières nations et des Inuits, du monde arabe et des musiques savantes classiques et contemporaines. Saimaniq Sivumut, qui veut dire Paix vers l’avenir en inuktitut, est le nouvel opus du groupe.
Saimaniq Sivumut fait suite à l’album Saimaniq (tout court) paru en 2018 et en est une sorte d’extrapolation et de bonification. Les mêmes prémisses sont à la base de l’opus, soit les chants de gorge qui servent de liant holistique à partir duquel sont projetées toutes sortes de juxtapositions étonnantes (de la turlute ‘’à La Bolduc’’, de la cornemuse, de la flûte traditionnelle japonaise et persane, de l’électro, des polyrythmies arabes, du violoncelle classique, etc.).
Au chapitre des bons moments, soulignons Ila dans laquelle la turlute précédemment mentionnée accompagne les chants de gorge, les chants autochtones traditionnels et les flûtes traditionnelles; Crépuscule, un panorama nocturne aux couleurs urbaines et ambiantes séductrices, assaisonné d’un ney persan évocateur et de cordes cinématographiques; Route de nuit et sa dynamique électro-pop tendance house colorée d’une cornemuse solidaire; Opale, une très jolie pause introspective où le violoncelle solo en duo avec le chant de gorge expérimental nous transporte dans un étrange, mais bienfaisant, espace intimiste.
J’avais aimé Transcestral, l’album précédent (situé entre les deux Saimaniq). Tout en reconnaissant les qualités de Saimaniq, son oecuménisme humaniste et le foisonnement d’idées qui le parcourent, Transcestral reste mon référent en termes de fusion musicale optimale dans le catalogue d’OktoEcho. Saimaniq Sivumut apparaît moins finement attaché et les nombreux changements drastiques d’atmosphères au fil des pièces laissent l’impression que l’ensemble est parfois décousu. On se dit parfois qu’il s’agit de la trame sonore d’un film imaginaire auquel il manque des bribes de scénario pour nous permettre d’apprécier pleinement la totalité de l’œuvre, et de relier efficacement tous les morceaux.
En ce sens, la prestation scénique a peut-être l’effet de réaliser l’émulsion nécessaire grâce à l’ajout d’éléments visuels. J’avais manqué le spectacle donné le 7 août 2024 au Festival Présence autochtone, ce qui m’empêche de pouvoir commenter cet aspect. Mais si comme moi vous souhaitez en avoir le cœur net, vous feriez bien de vous présenter à la salle Bourgie le 6 novembre 2024, lors du concert de lancement de l’album.
DÉTAILS ET BILLETS POUR LE CONCERT DE LANCEMENT SAIMANIQ SIVUMUT À LA SALLE BOURGIE