Si le grand public européen l’a surtout connu grâce à l’album et sa chanson À nous, parue en mars 2020 sous le label français Tôt ou tard (gage de top qualité), laquelle chanson collant parfaitement au climat pandémique d’alors, c’est avec Que tout s’danse, un autre succès que l’auteur de ces lignes écoute encore en boucle, que Preszow a véritablement apposé son empreinte sur la pop française contemporaine.
On pressentait bien sûr que cet artiste belge avait quelque chose à dire et savait comment s’y prendre, mais le côté chargé de certaines de ses orchestrations pop pouvait, sans trop qu’il ne s’en aperçoive, éloigner un public moins friand de ce type d’arrangements.
Qu’à cela ne tienne, le jeune trentenaire rendait public en ce début d’année 2025 ce double album où il reprend ses meilleurs titres en version dépouillée piano-voix ou piano-guitare, avec en prime l’inédit et fort réussi morceau Perdu le nord.
Et c’est là que l’on voit, sans l’ombre d’un doute, que l’on a affaire à une vieille âme écorchée, dont certains titres s’inscrivent tout droit dans la tradition de la grande chanson à texte, à laquelle il adresse d’ailleurs des clins d’œil ici et là en se référant à Brel (Quand on n’a que l’amour) ou Ferrat (Nuit et Brouillard). Comme c’est le cas dans la superbe Preszow = [Prèchof] », une chanson poignante qui évoque ses aïeux porteurs d’un numéro tatoué sur le bras…
Les fans de la première heure seront probablement ravis de redécouvrir en versions dénudées des titres forts comme L’intime & le monde, où la poésie prend réellement son envol, où le chant se veut encore plus affirmé et la voix plus nuancée que sur la version dansante. Paradoxalement, il en va de même pour la relecture piano-voix de la magistrale Que tout s’danse.
Si le propos est généralement une introspection entre le narrateur et le monde qui l’entoure, et ce, d’une façon un peu anar qui ne déplairait sans doute pas à un Damien Saez, voire un Mano Solo, Preszow dessinera un sourire de connivence chez les fans de Dylan avec la très belle Charlotte.
Mais c’est en écoutant la percutante Comment fais-tu pour vivre? que cet auteur-compositeur-interprète nous plante un couteau salvateur, direct dans le plexus solaire.Comme disait Ferland écoute pas ça, tu vas brailler. Parce que c’est magnifique.