Il y a des fantômes de la Californie hippie dans l’univers musical de Carlos Nino. La pochette de l’album Placenta renforce ce sentiment, avec ses couleurs contrastées. Une Californie toutefois plus proche de celle de Frank Zappa et de Terry Riley plutôt que de celle de Grateful Dead ou de Crosby Stills and Nash.
Un album dans lequel on entend des bébés pleurer, dont on peut avoir l’impression qu’il a été réalisé par une commune de musiciens, possiblement sous substances. Ou pas.
Carlos Nino est un musicien libre, improvisateur, explorateur de sonorités en tout genre. Un jazzeux psychédélique et chevelu. Il est également DJ, producteur, animateur de radio, arrangeur, et j’en passe. Il a récemment coproduit le premier album solo d’ André 3000, le rappeur devenu flûtiste et producteur. Il multiplie les collaborations avec des tas de musiciens.
Placenta est le huitième volume de l’odyssée de Carlos Nino and Friends. En treize morceaux et une heure et dix-sept minutes, nous embarquons dans un voyage surprenant, ponctué de virages imprévus, où l’improvisation dissonante côtoie des mélodies d’une grande douceur. On y entend de nombreuses percussions, du cor, de l’accordéon, de l’orgue, de la guitare synthétique, des flûtes, du saxophone, des claviers, de multiples collages sonores, et quelques voix.
C’est ici qu’on comprend l’importance des amis de Carlos Nino,qui contribuent pleinement à cette impression de « jam-session » de commune : Sam Mendel, Nate Mercereau, Jamire William, Haize Hawk, André 3000, etc.
Placenta se veut une célébration de la naissance. En écoutant la musique, on imagine facilement des gens danser, peindre, méditer et allaiter dans une sorte de néo-Woodstock. Et pourtant, malgré les fantômes hippies que j’évoque, la musique de Carlos Nino & Friends est résolument actuelle. Et passionnante.