Nic Ferron est guitariste. Vous l’avez peut-être remarqué aux côtés de Rémi-Jean Leblanc et Benjamin Deschamps, ce qui en dit assez sur son niveau de jeu (excellent, car rien de moins ne pourrait accompagner ces types sur scène). Ici sur Multiverse, il s’est entouré de Jonathan Cayer au B3 et Louis-Vincent Hamel à la batterie. On annonce des influences de Aaron Parks, Marc Ribot et Ornette Coleman, ce sur quoi I duly agree. Mais au-delà du name-dropping, c’est surtout une manufacture de haute volée que Ferron propose, à égale mesure d’une inspiration originale très personnelle côté mélodies, et d’un jeu collectif d’une remarquable précision et cohérence d’ensemble. Sans jamais tomber dans une cérébralité contemporaine, Ferron réussit néanmoins à garder l’intérêt des oreilles mélomanes avancées tout en donnant de l’allant continuel à ses compos et en maintenant un très agréable sentiment de proximité et d’accessibilité. Un jeu d’équilibriste maîtrisé dignement entre l’élitisme nécessaire (dans le sens de qualité) et le profane. Je souligne le B3 de Cayer, qui groove malade avec des accents de rock expérimental à quelques endroits comme l’épatante Complot, et Ferron lui-même, d’une virtuosité impressionnante un peu partout. Oh, et j’allais oublier ces élans Morriconiens parsemés à travers les pièces, se transformant parfois en hallucinations Scofieldesques… Jouissif.
Multiverse est un très, très bon album.