Attachez votre ceinture et préparez-vous à décoller à bord du vol Khruangbin à destination de Mordechai, un album au groove généreux qui vous fera voyager à coup sûr tout l’été. Un an après l’excellent Hasta El Cielo (version dub de son deuxième album Con Todo El Mundo), le trio Khruangbin – qui se prononce « kroung-bin » et signifie avion en thaïlandais – revient avec un troisième opus, enregistré l’été dernier au Texas dans son studio niché dans un hangar au milieu des vaches et établi en maison spirituelle du groupe. Le succès de Khruangbin s’explique par son approche instrumentale minimaliste et sa forte identité multiculturelle, nichée, intemporelle et nomade. Volant à contre-courant, le groupe possède une signature sonore (et capillaire) bien à lui, constituée de guitare congolaise syncopée, de funk perse, de surf-rock thaïlandais des années 60 et 70, d’une basse calquée sur du dub jamaïcain des années 80 à la Scientist et d’un rythme à la batterie inspiré du breakbeat. Composant habituellement des morceaux instrumentaux, le groupe a décidé cette fois-ci de s’exprimer également à voix haute. Lors d’une randonnée avec un certain Mordechai et sa famille, la bassiste Laura Lee Ochoa – son nouveau nom en hommage à son grand-père –, a vécu une sorte de renaissance, un moment de clarté et d’éveil, qui s’est traduit en une longue réflexion étalée sur une centaines de pages de souvenirs et de réminiscences. Ces pages ont servi de fil conducteur aux paroles, qui occupent une place à part entière sur pratiquement tous les morceaux.
A travers l’album, le trio incarne une sorte de force tranquille utopiste et apaisante avec une aura brillante et régénératrice. Pour ce nouveau tour du monde en dix chansons, Khruangbin nous invite à prêter davantage attention au voyage lui-même plutôt que de focaliser sur sa destination.