Avec Textile Fantasies, la compositrice canadienne Monica Pearce s’engage dans un exercice de synesthésie artistique inusité. Si on a plus souvent entendu parler de synesthésie (un phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés) entre la musique et les couleurs, c’est la première fois que l’on me propose un lien entre des sons musicaux et des textures tactiles.
Le problème avec ce genre de proposition, c’est que la perception de l’un (ici la compositrice) n’aura peut-être pas de sens pour l’autre (la personne qui écoute). Dans le cas présent, je comprends efficacement la nature sonnante et lumineuse de Chain Maille, cette chemise métallique protectrice des guerriers médiévaux. Je ressens bien aussi le caractère pointillé de Houndstooth (pied-de-poule en français) et la douceur flottante de Silks (soies). A contrario, Leather (cuir) ne m’apparaît pas assez lyrique. J’aurais imaginé des sonorités plus lisses, organiques et boisées.
Cela dit, si l’on fait l’effort de prendre du recul par rapport aux attentes suscitées par les textiles évoqués, on remarquera un cycle de pièces pour clavier (piano ou clavecin) et percussions d’une grande originalité, avec foisonnement de paysages sonores stimulants et de couleurs instrumentales excitantes.
Que vous essayiez ou non de percevoir le degré de correspondance entre les textiles évoqués et la musique qui s’en inspire, Textile Fantasies vous fera voyager dans des univers sonores aussi fascinants que curieux et séduisants.