Depuis une dizaine d’année, la musique d’Oranssi Pazuzu s’est progressivement éloignée du black metal plus traditionnel, la formation finlandaise ne cessant de faire preuve d’ouverture et d’un intérêt marqué pour l’exploration. L’atmosphère de son plus récent album, Mestarin kynsi, est aussi sombre que le métal noir l’exige, mais demeure fortement teintée d’un psychédélisme qui donne l’impression que le groupe a fumé une succursale de la SQDC au grand complet, mobilier inclus. En découle une vertigineuse sensation d’apesanteur et l’impression que le temps se dilate. Des bruits surgissent de toute part, nous propulsant dans un voyage astral inconfortable et anxiogène que nous ne voulons pourtant pas interrompre.
Essoufflant ? Oui. Enivrant ? Encore plus. Envolées de wah wah, écho et autres effets hallucinogènes, drone de synthétiseurs, bruits divers et décélérations soudaines nous font douter de notre équilibre mental. Les influences krautrock, avant-prog, noise-rock et même moyen-orientales se côtoient et sont ensuite recrachées sauvagement par le biais d’un black metal avant tout identifiable à cette voix torturée et à quelques riffs plus représentatifs du genre.
L’exécution est quant à elle parfaitement maîtrisée, ne cédant toutefois jamais à la complaisance. Les synthétiseurs abondants nous laissent devant des paysages multidimensionnels aux profondeurs infinies. À ce chapitre, le passage chez Nuclear Blast pour cette récente offrande a probablement permis au groupe de se donner les moyens de ses ambitions. La production et le mixage sont à couper le souffle, donnant vie aux nombreuses couches sonores qui se superposent sans répit.
Même si l’album demeure économe en termes de passages purement métal, l’ambiance permet au groupe de demeurer fidèle à ce qui a défini le genre depuis les débuts de Black Sabbath, une autre formation qui ne reculait pas devant le psychédélisme. Les albums précédents laissaient déjà entendre une musique hors normes, Mestarin kynsi, est quant à lui une réussite absolue.