Un album complet d’œuvres originales pour cor anglais, c’est quelque chose de rare, mais un album d’œuvres canadiennes pour cor anglais, ça tient presque du miracle. Il y a donc lieu de célébrer cette parution, d’autant plus que la qualité musicale des pièces au programme, et surtout la beauté et la finesse du jeu de l’interprète, Mélanie Harel, aussi solo de l’Orchestre Métropolitain, sont au rendez-vous.
La genèse de Envols est une autre histoire de pandémie. Confinée chez elle, Mélanie Harel a eu envie de fouiller le répertoire du cor anglais, afin d’étendre ses horizons, et bien sûr garder la forme! C’est le répertoire canadien qui a retenu son attention, et de cette démarche sont ressorties dix œuvres pour cor anglais solo, avec piano, avec bande et une avec percussions et bande. De Ian McDougall à Brian Cherney, de Tawnie Olson à François-Hugues Leclair et d’autres, Mélanie Harel déploie d’abord une sonorité pleine et bellement moëlleuse, comme le demande cet instrument. Sa technique aisée facilite la compréhension des discours musicaux des divers créateurs représentés. Mais surtout, elle révèle une affinité pour la consonance et la mélancolie à travers le programme construit. Aucune des pièces n’est franchement difficile d’approche. Au contraire, et comme un fil d’Ariane ondoyant à travers tout l’album, l’élégance et l’agréable délicatesse des courbes mélodiques qui définissent la plupart des œuvres, rendent l’écoute des quelque soixantes minutes de Envols un moment de méditation bienfaisant. Seul le 3e mouvement de la Sonate de Christopher Tyler Nickel vous brassera un peu dans votre divan, alors que Social sounds from whales at night de Emily Doolittle vous plongera dans un monde aquatique étrange fait de glissandos et d’échos cétaciens passagers.
La prise de son est à l’avantage des interprètes, riche et veloutée.
Voici une parution à la fois très attrayante et importante pour la musique canadienne.