Mabe Fratti, violoncelliste guatémaltèque aujourd’hui basée à Mexico, aime confondre genres et les gens. Très prolifique, la jeune femme nous offre sa troisième offrande solo en deux ans, sans compter ses participations à de nombreux groupes mexicains expérimentaux comme Amor Muere, Belafonte Sensacional, ainsi que Titanic, avec son compagnon Hector Tosta.
Sentir que no sabes peut paraître, à première vue, comme un album plus accessible et pop. Kravitz, la première pièce, démarre sur un rythme rock, en hommage peut-être à Lenny Kravitz, jusqu’à ce que des trompettes dissonantes avec des intervalles étranges nous rappellent qu’on reste dans l’univers « frattien ».
Patalla Azul sonne encore plus pop, avec de jolis arpèges de guitares. Puis on revient dans l’avant garde avec Elastica II, avec un son de violoncelle traité électroniquement qui rappelle un peu le violon de Laurie Anderson ou l’alto de John Cale. Il arrive qu’elle tape sur son violoncelle, qu’elle le caresse; sa relation avec son instrument favori est intense.
Avec sa voix haut perchée, cristalline, elle crée un univers particulier, avec des textes en espagnol de tendance surréaliste. Sa musique ne contient aucune racine traditionnelle d’Amérique latine. Elle travaille plutôt à créer un son pop expérimental latino.
À 35 ans, Mabe Fratti commence à peine sa carrière. Quelle musique fera la Guatémaltèque et Mexicaine dans cinq ans? Nous risquons d’être étonnés.