Originaire de Yokohama, Haruna Kimishima, alias Haru Nemuri, a fait des vagues bien au-delà des rivages du Japon avec son album Haru to Shura, sorti en 2018. Elle a enthousiasmé les auditeurs avec sa combinaison dynamique et chargée d’émotions de pop-punk californien et de rock alternatif idiosyncratique, de collages audio faits sur ordinateur portable, de motifs accrocheurs au piano et, surtout, son approche de la voix et des paroles qu’on a maladroitement qualifiée de « poésie rappée ».
Elle s’exprime de manière dense et intense dans un style à demi chanté, qu’il s’agisse de confidences quasi chuchotées sur les détails de la vie quotidienne ou de déclamations à pleine voix sur les grandes questions de l’existence. On la sent toujours pressée, désireuse de mettre le maximum de texte dans chacun de ses chefs-d’œuvre de trois minutes. La vidéo sous-titrée pour l’extrait Riot permet à ceux qui ne parlent pas japonais de voir ce que Kimishima a en tête (faites défiler la page vers le bas pour en savoir plus sur son manifeste personnel).
Le travail de Kimishima s’inscrit bien dans les paramètres de la J-pop – elle a même travaillé avec la formation idoru Tokyo Girls’ Style. Cela dit, elle repousse les limites du genre, l’investissant d’un rare degré d’originalité, de conscience et d’honnêteté affective, mais jamais au détriment de la dimension presque surnaturellement accrocheuse si caractéristique de la pop japonaise.