Une interprétation au service de l’histoire
Le baryton Gerald Finley dans le rôle-titre et le chef principal Sir Antonio Pappano brillent dans le plus récent enregistrement capté en direct de l’oratorio Elijah de Félix Mendelssohn du London Symphony Orchestra. Dès l’ouverture, on comprend que ce sera exceptionnel, avec le récitatif d’entrée poignant de Finley et l’ouverture qui suit, jusqu’à l’entrée du chœur, dont chaque mot est prononcé avec clarté. À la fois, il se surpasse dans les segments puissants que dans les sections demi-chœur. Tout au long de l’œuvre Finley adaptera sa voix et son expression au service des émotions de son personnage et de l’action qu’il raconte. Tantôt tragique, tantôt attendrissant ou encore inquiétant, chaque numéro est chanté avec justesse. Les autres solistes, sont aussi excellents et jouent bien les différents rôles qui leur sont attribués.
Là où le chef se démarque, c’est dans les choix judicieux de textures. Fortement influencé par les oratorios et passions baroques, Elijah est nettement une œuvre romantique malgré l’utilisation des procédés plus anciens. Pappano sait quand jouer selon quel style et ne tombe pas dans la généralité. Par exemple, dans le chœur Blessed are the men who fear him il enlève du poids à l’orchestre et fait couler les lignes sans tomber dans la légèreté. En contrepartie, les récitatifs rappellent ceux des opéras romantiques et l’orchestre répond avec aplomb aux solistes. Aussi, en plus de porter une attention minutieuse aux indications de Mendelssohn, le chef n’hésite pas à en rajouter, toujours pour servir l’histoire. Dans le chœur Call him louder, il fait chanter les paroles « Hear and answer » de façon marquée, parce que c’est un ordre que l’on proclame !
En conclusion, cet excellent enregistrement saura plaire pour toutes les occasions, que ce soit pour une écoute active ou encore pour accompagner un déplacement.