Le 9 mai 2018, le jeune claviériste britannique Elliot Galvin se produisait à la Fondation Louis Vuitton de Paris en première partie du pianiste américain Craig Taborn. Il n’avait alors aucune idée que cette prestation entièrement improvisée ferait l’objet d’un album commercialisé. C’est en entendant l’enregistrement du concert peu après qu’il réalisa qu’il tenait là la matière de ce qui allait devenir son premier disque de piano solo.
Galvin n’en est cependant pas à ses premières armes. Depuis près d’une dizaine d’années, il a publié des albums avec son trio ainsi qu’au sein de Dinosaur – quatuor ayant été nominé pour le prestigieux Mercury Prize en 2017 – avec qui il joue des synthétiseurs.
Dans la pochette qui accompagne la version cd de cet album, Galvin remercie Craig Taborn qui est pour lui « une source constante d’inspiration ». Rien d’étonnant. Les deux pianistes sont autant à l’aise derrière le piano acoustique qu’avec une lutherie électronique dont ils aiment explorer les possibilités. Tous deux puisent autant dans le jazz que dans la musique contemporaine. Enfin, ils sont, l’un comme l’autre, d’impressionnants virtuoses capables de mettre la pédale douce et de faire preuve de subtilité.
Toutefois, la comparaison s’arrête là. Elliot Galvin a un imaginaire et un vocabulaire bien à lui. Sur ce « Live In Paris », il verse avec le même bonheur dans le free le plus véloce (étourdissante « So Below ») que dans la grâce à l’état pur sur la toute délicate « Broken Windows ». Il va même jusqu’à juxtaposer influences baroques et spirales jazz vertigineuses sur « For J.S. », un des moments forts du récital. À vingt-huit ans, il fait montre d’une maîtrise rare de son art.