Née Simbiatu Ajikawo de parents nigérians, la Londonienne Little Simz est sans conteste l’une des meilleures MC sur cette bonne vieille Terre, en témoigne cet excellent Sometimes I Might Be Introvert. Son succès d’estime est confirmé depuis ses premiers albums, on pense aux excellents Grey Area (2019) et Stillness in Wonderland (2016). La revoilà à 27 ans, au sommet d’un art résolument afro-britannique mais encore une outsider des palmarès, enracinée dans un champ gauche des plus verdoyants. Le verbe est introspectif et singulier, le flow est dense, Little Simz a beaucoup à dire au-delà de sa propre vie d’artiste et ses conflits personnels (notamment avec le paternel); elle aborde aussi les thèmes contrainte matérielle, de l’ascension sociale, des freins bureaucratiques, de la condition d’une Noire dans la City du royaume anglais, rigolotes évocations de The Crown à l’appui. Ses environnements sonores se trouvent nettement au-dessus de la moyenne : ambitieuses orchestrations néo-classiques ou contemporaines inspirées des meilleures bandes originales hollywoodiennes, déploiements choraux, british soul, R&B, jazz, afrobeat, juju, afro-électro et autres emprunts stylistiques étoffent brillamment le flow de cette surdouée frontwoman. On ne peut donc la confiner au grime, rap anglais construit sur des référents électroniques de souches caribéennes et africaines, l’art de Little Simz révèle une profondeur qui transcende les genres impliqués, le tout réalisé de concert par le pote Inflo comme ce fut le cas pour les productions précédentes.
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