Pfff! Ça tombe comme des mouches. La Grande faucheuse vient de couper l’herbe sous le pied d’un autre vénérable musicien. 92 balais il avait, le Lee. Qui sait jusqu’où il se serait rendu n’eut été de ce fâcheux virus couronné?
Ce trépas subit n’était certes pas prévu par la bande de Storyville qui lance pour ainsi dire au même moment (avec 48 heures de décalage) la réédition d’un enregistrement effectué en 1992 à la suite de la remise à Konitz du prestigieux prix Jazzpar (ce prix récompensant un éminent jazzman a été décerné chaque année à Copenhague de 1990 à 2004). Comme l’un des premiers orchestres avec lequel Konitz s’est fait remarquer est le nonet du fameux Birth Of The Cool de Miles Davis, celui-ci vient en quelque sorte boucler la boucle. On peut y entendre à nouveau ce timbre si clair et si pur qu’était le sien, souvent en duo avec quelques-uns des musiciens de l’ensemble, le Jazzpar All Star Nonet sous la direction de Jens Søndergard.
Ce qui ne devrait pas nous faire oublier que Konitz a connu une carrière aussi longue – octogénaire, il était encore actif – que variée, marquée de nombreux jalons, dont celui de la grande époque où l’altiste croisait le cuivre (bien que les saxos soient plutôt faits de laiton) avec le ténor Warne Marsh au sein du quintet du pianiste Lennie Tristano, celui de son passage dans le grand orchestre de Stan Kenton, puis devenu leader, celui de sa rencontre avec le clarinettiste Jimmy Giuffre, celui de l’album Motion en trio avec Elvin Jones, celui de l’album Crosscurrents avec Warne Marsh et le trio de Bill Evans, ou encore celui de son duo avec le pianiste Martial Solal, pour n’en nommer que quelques-uns parmi des centaines de titres.