Amoureux de la kora, cet instrument d’Afrique de l’Ouest vieux de 500 ans fait d’une demi-calebasse recouverte d’une peau de vache (ou de chèvre), dont l’un des champions est le célèbre Toumani Diabaté, le Bogotanais Gabriel Bass a passé le plus clair de la dernière décennie à explorer les sonorités scintillantes de ses 21 cordes pincées. Il utilise la kora comme une baguette de sourcier, à la recherche de cours d’eau souterrains où converge tout un univers musical.
La dimension africaine est souvent présente, bien que subtilement. Les paroles sont tantôt en espagnol, tantôt en anglais et, sur le sombre et amusant Kultíve Konscienca, en portugais. On trouve aussi des touches d’indie folk américain (Kids, Kompunction) et des accents asiatiques dans la dernière pièce, Kambuche. Bien sûr, comme tout bon Colombien, Bass ne peut s’empêcher de mettre un peu de cumbia, et il y en a une jolie pièce ici.
Bass et ses compagnons Camilo Velásquez et Efren Ramirez, qui jouent toutes sortes d’instruments de manière discrète mais efficace, essaient sérieusement d’arriver à une musique qui soit multinationale et universelle. Kultívate a donc sa part de moments où la Bass et compagnie réussissent à créer une musique plus grande que toutes ses sources d’inspiration réunies, une musique belle, grégaire et authentiquement sans frontières.