Huitième disque pour le trio japonais mené par le trompettiste et compositeur Natsuki Tamura. Gato Libre, qui était un quartet jusqu’en 2015, quand le guitariste Kazuhiko Tsumura est décédé, développe des atmosphères oniriques qui sont quelques fois, mais pas toujours, propices à une certaine forme de méditation. Avec Satoko Fujii à l’accordéon et Yasuko Kaneko au trombone, l’univers sonore que déploie le trio est vraiment unique, et la réalisation très « naturelle » de Tatsuya Yoshida (le batteur de The Ruins) fait paradoxalement baigner le tout dans une ambiance surréelle – la machine à coudre et le parapluie ne sont pas loin.
On connaît surtout Satoko Fujii comme pianiste, bien sûr, mais celle qui célébrait ses 60 ans il y a deux ans (pour fêter son kanreki en 2018, elle sortait un disque chaque mois, du solo à l’orchestre) se sert admirablement de l’accordéon. Dans cette musique qui fait alterner cellules composées et moments improvisées, elle est souvent dans l’accompagnement, se plaçant derrière la trompette et le trombone, un rôle bien différent de ce que fait la pianiste dans son quartet Kaze, par exemple, avec deux trompettistes (dont Tamura, qui, soit dit en passant, est son époux). La tromboniste Yasuko Kaneko offre une excellente contrepartie à la simplicité volontaire de la trompette et fait résonner son instrument avec une virtuosité qui complémente efficacement celle de Tamura.