Ainsi comme le sait toute la planète hip-hop, le brillantissime rapper de Compton a sorti, fin novembre, un album-surprise et… Au terme de quelques écoutes, voici cette impression: pas de surprises. Pas mauvais, pas moyen, plutôt bon mais… le plus court de tous les albums s’avère un peu… court. Inachevé à mon sens, et plombé par ce climat de haine qu’on sait.
Le titre évoque le Buick Grand National Experimental, GNX , modèle1987, acquis par le rapper en mars dernier. On est en voiture? Mmoui mais… Évocation autobiographique de son Los Angeles natal, GNX n’est pas le game changer que furent Good Kid, M.A.A.D. City, To Pimp A Butterfly, Damn.
Voilà mélange d’ambiances connues à la manière Kendrick et de quêtes inachevées. Voilà un album de transition ou s’avère-t-il peut-être un album sorti trop vite. Même si de nombreux producteurs/beatmakers de renom y ont été impliqués – Jack Antonoff, Craig Balmoris, Bridgeway, Dahi, Deats, Noah Ehler, Frano, Juju, Kenny & Billy, Rose Lilah, Tim Maxey, Sean Momberger, M-Tech, Mustard, Rascal, Sounwave, Tane Runo, Kamasi Washington.
Le rapper y met en relief le jazz-groove hispanisant et orchestral de reincarnated , la jazzy-soul hip-hop de heart pt.6, ou le duo soul-pop de luther (avec SZA), ou encore l’autoproclamation fictive et chorale de man in the garden sur fond de G-funk à la sauce West Coast Rap, comme c’est le cas dans tv off mettant en relief le talent du rapper lefty gunplay., les espagnolades chorales de wacced out murals – repérée à sa performance lors d’un match des Dodgers, la Mexicaine Deyra Barrera chante sur l’introduction et la conclusion de l’album, sans compter reincarnated. La chanson titre de l’album réunit des rappeurs de Los Angeles, triés sur le volet : Peysoh, Hitta J3 et YoungThreat y occupent une large part de l’espace, sauf une tirade de l’employeur : who put the West back in front of shit ?
La virulence du ton de ces conversation avec lui-même est dominante sur GNX, excluant néanmoins toute allusion à son conflit public avec Drake. On ne s’en plaindra pas mais l’intérêt est désormais altéré. Le pouvoir d’influence et son maintien ont-ils perverti la grandeur de Kendrik Lamar ? On s’en reparle après l’entracte du SB.