Vous ne connaissez peut-être pas Jonah Yano. Mais vous connaissez peut-être BADBADNOTGOOD, le quartette de jazz éclectique torontois.
Dans les faits, Portrait of a dog est un album collaboratif entre le chanteur alt-folk et le groupe alt-jazz.
Jonah Yano est né à Hiroshima, il a grandi en Colombie-Britannique et habite maintenant à Montréal après être passé par Toronto. Portrait of a Dog est son second album, après le Souvenir de 2020. Il y a eu auparavant un EP intitulé Nervous, en 2019.
Disons le d’emblée: la greffe entre Yano et BBNG est une opération réussie. Le folk et le jazz s’emboîtent parfaitement. Il faut ajouter une troisième couche à cette mixture musicale: les arrangements de cordes, principalement de violoncelle, de la multi-instrumentiste Eliza Niemi. Elle aussi est torontoise.
La voix de ténor de Jonah Yano assure le liant entre tout ça. Le jeune homme s’exprime avec beaucoup d’émotion, toujours avec une douceur absolue. Avec parfois de très jolies harmonies.
Portrait of a dog commence avec Leslianne, une chanson de folk méditatif. Puis on enchaîne avec Always, qui devient de plus en plus jazz et improvisée.
Ensuite, dans la magnifique Haven’t Haven’t ,en forme de crescendo, on entend des extraits de conversations entre Jonah Yano et ses grands parents, qui sont au crépuscule de leur vie. On entendra ces petits bouts de dialogue tout au long du disque. Portait of a Dog se veut une réflexion sur l’identité et les racines.
Mélanger les styles ne fonctionne pas toujours . Mais ici Jonah Yano, Eliza Niemi et les quatre membres de BADBADNOTGOOD ont trouvé le bon dosage. Tout coule. Les arrangements sont créatifs, mais on n’essaie pas d’en mettre trop. J’aurais parfois aimé une batterie plus en cymbales et balais. Mais c’est un bémol.
Constitué de Felix Fox-Pappas (orgue-piano-wurlitzer), Chester Hansen (basse-contrebasse), Alexander Sowinsky (batterie) et Leland Whitty (guitare électrique-saxophone). le quartette ne s’éclate pas autant que dans ses albums personnels (homonymes). Mais il y a quand même quelques solos inspirés. Et la dernière des 12 pièces, The Ordinary is Ordinary Because it Ordinarily Repeats, appartient entièrement â BADBADNOTGOOD, alors que la précédente, Song in the Family House, est une performance solo de Jonah Yano, voix et guitare acoustique. Et ainsi, la boucle est bouclée. Et cette finale nous permet de mieux juger la complémentarité des deux pôles.
C’est un périple musical très introspectif. Vous ne trouverez pas ici de musique pour vous déhancher. Mais c’est un magnifique disque hivernal, avec des pointes de soleil. Ou encore une musique à écouter l’été sous les étoiles.