Pays : Royaume-Uni Label : Ni Vu Ni Connu Genres et styles : free jazz Année : 2022

John Butcher : La pierre tachée – shaped & chased – lamenti dall’infinito – glints – induction

· par Réjean Beaucage

Si vous ne connaissez pas le travail du saxophoniste britannique John Butcher, malgré la centaine d’enregistrements qui constitue son catalogue (dont un disque paru en 2018 chez Ambiances Magnétiques où on le trouve en trio avec Philippe Lauzier et Éric Normand), voici cinq occasions de le découvrir. Et ce sont cinq occasions qui vous réjouiront aussi si vous le connaissez déjà !

En novembre 2019, la compagnie de production Ni Vu Ni Connu, basée au Luxembourg, a invité Butcher à célébrer ses 65 ans par une résidence de deux soirs au club Ausland, à Berlin. Deux soirs, pour quatre prestations bien différentes, qu’on retrouve sur quatre vinyles lancés en début d’année (le cinquième a été enregistré en juin 2019 en concert avec deux ex-collègues de la formation Polwechsel).

Les deux soirées présentaient une prestation acoustique et une autre avec électroniques. Ça commence par un duo avec la pianiste française Sophie Agnel, qui connaît tout autant que son partenaire le catalogue complet des façons de détourner le son de son instrument. On est souvent dans des explorations timbrales assez douces, mais s’intercalent aussi sporadiquement des explosions d’énergie où le piano se fait percussif. Un bel équilibre entre les dynamiques, qui commençait bien cette soirée du 29 novembre 2019. Le disque s’intitule La pierre tachée.

Pour la deuxième prestation, John Butcher était rejoint par Thomas Lehn (Konk Pack) au EMS Synthi AKS et par Gino Robair aux percussions (mais aussi aux « objets trouvés » et à la Blippoo Box, un… générateur de chaos). Le saxophoniste est réchauffé, pas de doute, et il arrive à rivaliser dans la palette sonore avec le synthé analogique de Lehn. Petit bémol à ce sujet, si le sax était un peu moins en avant dans le mix, la fusion avec les sonorités électroniques serait sans doute plus réussie. Ce disque s’intitule shaped & chased.

Sur lamenti dall’infinito, qui reproduit la première prestation du 30 novembre, on retrouve un double duo, alors que Butcher est appuyé par la trompettiste Liz Allbee pour contrebalancer les électros de Marta Zapparoli (enregistreuses et antennes) et Ignaz Schick (tourne-disque, échantillonneur, électroniques). En ce qui me concerne, c’est peut-être le plus satisfaisant du lot, parce que l’action sonore y est très diversifiée et que le duo électro offre aux vents un accompagnement idéal, dans lequel le sax et la trompette dialoguent avec aisance. Un très beau quatuor.

La dernière prestation de cette résidence au club Ausland plaçait Butcher au milieu du trio Vellum, où il officie avec la pianiste allemande Magda Mayas et le percussionniste australien Tony Buck (The Necks), qui forment par ailleurs tous les deux un duo, Spill, depuis plusieurs années. C’est dire qu’il y a de la complicité dans l’air. Le disque glints présente cette improvisation en deux parties, glints a et glints b. Un long développement plus ou moins en arc (crescendo/decrescendo) dans lequel chacun fait preuve d’ingéniosité, de pertinence et d’écoute active. Avec la prestation d’avant, ça faisait une sacrée soirée!

Le cinquième opus de cette série, induction, réunit John Butcher à Burkhard Beins (percussion) et Werner Dafeldecker (contrebasse), qu’il a côtoyés durant la première décennie de ce siècle dans la formation Polwechsel, et avec qui il retrouve les sonorités minimalistes qui caractérisent cette manière de lower case, les longues tenues multiphoniques de Butcher rencontrant les harmoniques de la contrebasse jouée à l’archet, peut-être bien comme les cymbales. Ça finit éventuellement par s’énerver, et bientôt ce sont bien des baguettes qui frappent les cymbales, particulièrement dans la longue pièce circulation. Dans les trois autres, connection, conversation et confluence, on revient aux microsons, aux harmonies spectrales et à une musique qui prend son temps. Les cinq albums sont accompagnés d’excellents textes du musicologue canadien Stuart Broomer ; des réflexions sur l’improvisation qui tournent autour du concept de sacrifice ou qui évoque le principe de l’entraide, tel que théorisé par l’anarchiste russe Pierre Kropotkine, tout en donnant, bien entendu, des détails sur les programmes.

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