Les astres sont de nouveau au cœur du plus récent album de la pianiste Jennifer King. Dans ce pendant de son précédent opus O Mistress Moon (2018), encensé par la critique, la musicienne reprend la thématique de la nuit pour la décliner autour des figures de la lune, du cosmos et de la nature, cette fois-ci avec un assemblage de morceaux composés exclusivement de compositeurs et compositrices canadien.nes. Pour enrober davantage le paysage sonore de l’album, Jennifer King a associé à chaque pièce un cycle mensuel de la lune lié à la symbolique folklorique et mi’kmaq. L’auditeur est ainsi entraîné sur le chemin d’une vaste plaine enneigée où l’on entend le craquement des eaux glacées dans Rivers Freezing Over Moon de Richard Gibson, avec ces alternances d’harmonies ouvertes et dissonantes. Il est aussi accompagné par des nocturnes sensibles et évocateurs rappelant l’esthétique de Chopin, Satie et Schumann (Sophie-Carmen Eckhardt-Grammaté, Sandy Moore). Alors que la nuit laisse tomber son voile onirique dans In the Failin Dark 1 de Derek Charke, la voûte étoilée se révèle, mystérieuse avec ses évocations d’espaces infinis et imaginaires, ainsi que ses amas d’étoiles évoqués tant par des envolées cristallines (Gliese 581c d’Emily Doolittle) que par des grappes sonores contrastées (Image astrale de Jean Coulthard).
Le résultat donne une couleur quasi mystique à cet opus qui nous plonge dans un univers introspectif et méditatif, à la fois serein et vif. Contrasté tant au niveau des émotions que par son esthétique, ce nouvel album magnifiquement rendu par Jennifer King apaise et amène une chaleur dans la froideur de l’hiver.
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