L’Ogura Hyakunin Isshu est une anthologie de 100 wakas – des poèmes courts et précis, un peu comme les haïkus – de 100 poètes, assemblée à l’aube de l’ère des samouraïs il y a environ 800 ans. Elle demeure un titre phare de la littérature classique japonaise, en grande partie grâce à la popularité indéfectible du jeu de cartes uta-garuta, qui emploie le livre comme base pour son jeu de 100 cartes.
Sur cette curieuse création de l’énigmatique producteur Momofugu, irrévérencieuse et stylistiquement permissive comme peut l’être la pop japonaise, neuf de ces cartes sont citées par le biais de l’application de voix synthétique Vocaloid. Le premier morceau, The Monk Sosei, se situe à mi-chemin entre Kraftwerk et le Yellow Magic Orchestra. Ce qui suit – Sarumaru et Semimaru – semble être une approximation algorithmique de la dance-pop tropicale faite par un robot ménager, cette dernière comportant de la guitare évoquant des mouettes au coucher du soleil, si vous aimez ce genre de choses. Puis viennent des variantes tout aussi étranges : de l’eurodisco à haut niveau d’énergie (Taira no Kanemori), un blues-rock rustaud (Ono no Takamura) et un électrofunk des années 80 (Abe no Nakamaro). Outre cela, on retrouve quelques morceaux de pop inventive du champ gauche vraiment mémorables : Emperor Koko et le déroutant Otomo no Yakamochi. Vous avez pris les bonnes cartes, Momofugu-san.