Dans Deportee (Plane Wreck at Los Gatos), Woody Guthrie chantait « Des deux côtés du fleuve – Nous mourons de toute façon ». Dans Across the Border, Bruce Springsteen chantait « Et nous boirons l’eau boueuse du Rio Bravo ». Aujourd’hui, dans Precious Cargo, Alynda Segarra chante « Et je ne sais pas pourquoi il me hait – L’homme de l’I.C.E. ». Madame Segarra est, depuis quinze ans, auteure-compositrice-interprète chez Hurray for the Riff Raff, formation qui a comme port d’attache La Nouvelle-Orléans. Le sigle I.C.E., quant à lui, désigne l’organisme états-unien « Immigration and Customs Enforcement ». C’est l’un des obstacles évoqués dans les onze chansons de Life on Earth, un album – le septième de cette précieuse formation – portant sur la survie, un thème qui ne se démode malheureusement jamais. Si, depuis ses tout débuts, Hurray for the Riff Raff fait de la musique si émouvante, c’est avant tout grâce au chant d’Alynda Segarra. Mais quelle voix elle a! Oui, on pense à PJ Harvey. Mais aussi à Catherine Ringer. Et à Pauline Julien. Pour les inflexions poignantes, pour la force, pour l’âme, pour l’engagement, pour l’absence absolue de frime. Dans Life on Earth, Hurray for the Riff Raff couvre de grands pans d’americana et de sous-genres pop : folk hymnique et synthétique dans Wolves, hybridation post-punk et country-rock dans Pierced Arrows, jangle-pop punkisante dans Rhododendron – cocomposée par Segarra et Jim James, leader de My Morning Jacket –, soul électro dans Jupiter’s Dance, folk mélancolique orné de cuivres néo-orléanais dans la chanson-titre, ambient-jazz dans Nightqueen (où l’on entend la voix du poète vietnamo-américain Ocean Vuong), hip-hop électro-folk dans Precious Cargo, néo-gospel dans Rosemary Tears, indie rock de pointe dans Saga. L’album prend fin sur KiN, pièce bruitiste où résonnent des cloches et où ronronne le moteur d’un bateau qui s’éloigne, tandis que les oiseaux chantent. Ainsi va la vie sur Terre.
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