Depuis déjà quelques années, Neil publie ses archives. Selon la rumeur, il en a des coffres-forts pleins. Voici donc Homegrown, qui regroupe douze pièces enregistrées entre juin 1974 et janvier 1975, c’est-à-dire entre la parution du remarquable On the Beach et celle du costaud Zuma. Une fois Homegrown terminé, Neil avait décidé de le mettre au congélo et de lancer, plutôt, Tonight’s the Night, enregistré deux ans auparavant. Les neilyoungologues constateront que certaines des chansons qui figurent sur Homegrown se sont retrouvées sur d’autres albums, au fil des ans, comme la triple compilation Decade (1977), American Stars ‘n Bars (1977), Hawks & Doves (1980), Ragged Glory (1990) et Chrome Dreams (2007).
Survolons ces douze extraits du fonds d’archives de l’ami Neil : Separate Ways est une chanson plutôt glauque, où feu Levon Helm tient le rythme de son inimitable jeu syncopé, tandis que feu Ben Keith, l’un des Stray Gators originaux, fait pleurer sa guitare pedal steel. Try est légèrement plus joyeuse, avec les chœurs d’Emmylou Harris et le piano de saloon dans le dernier tiers. Mexico est courte, émouvante et stupéfiante dans son dénuement. Love Is a Rose est la pièce la plus accrocheuse de l’album. Homegrown est un hymne au cannabis que l’on cultive chez soi. Dans Florida, Neil relate un rêve planant où planent des planeurs. Kansas est comme une sœur de la susmentionnée Mexico où la guitare remplace le piano. We Don’t Smoke It No More est un blues gras. White Line est un délicat duo acoustique avec Robbie Robertson, encore membre de The Band à l’époque. Vacancy s’apparente au rock graveleux que Neil faisait déjà avec Crazy Horse. Little Wing est une brève ballade à ne pas confondre avec la pièce du même nom de Jimi Hendrix. Star of Bethlehem est un air country-rock rehaussé, encore une fois, par la voix d’Emmylou Harris.
Remercions l’oncle Neil de prendre bien soin de ses archives.