On peut reprocher à Hawa B d’être trop éclatée, trop éclectique, trop aventureuse. On peut aussi adorer qu’Hawa B exactement pour ces mêmes caractéristiques : très éclatée, très éclectique, très aventureuse. On s’adresse ici à la deuxième talle car nous en faisons partie et déterminons que better sad than sorry est un album marquant de 2024. Car Hawa B y est un fil conducteur, capable de fondre tous les métaux de son alliage. Hormis la chanteuse de puissance qu’elle est, on la sait musicalement éduquée côté jazzo-classique, on l’imagine sensible aux hybrides soul/R&B/hip-hop de sa génération, on la devine curieuse côté darkwave, électro-rock, indie pop, house, ghetto-tech et autres fréquences moins évidentes.
En somme, personne d’autre qu’Hawa B peut être Hawa B, créature unique de la scène montréalaise à s’imposer en 2024, au terme d’une gestation artistique de quelques années. Ses collaborateurs ont parfaitement saisi cette maturité atteinte, à commencer par le multi-instrumentiste et réalisateur Félix Petit qui joue un rôle central dans ce qui a été construit pour ce nouvel album et aussi sa présence sur scène avec la soliste dans un contexte de duo ou d’orchestre.
Collaborent également à l’édifice studio d’Hawa B les claviéristes David Osei-Afrifa et Émile Désilet, le guitariste Philippe L’allier, le bassiste Jonathan Arseneau, le quatuor à cordes Esca, les choristes Mariko et Melissa Pacifico.
Le brassage des cultures montréalaises est ici magnifié par la présence vocale d’Hawa B, tout s’enchaîne et tout s’intègre, du groove lascif de show au quatuor à cordes de sadder but better, à la fois mélodique et audacieux, enchaîné par une complainte space pop souhaitant la paix d’esprit. Ainsi, Hawa B sait identifier différents état de son existence et en faire de l’art à travers ses formidables capacités.