Derrière le sobriquet Lomelda s’active Hannah Read, jeune Texane transplantée à Los Angeles. Hannah, son quatrième album complet, démarre délicatement, comme une bruine si légère qu’on croirait d’abord l’avoir imaginée. Le texte évoque aussi la légèreté, celle des baisers furtifs qu’on s’échange sur le trottoir. Cette première chanson s’intitule Kisses. Dans Hannah Sun, la suivante, un rythme chaloupé qu’ornent d’étranges sons de hautbois synthétisé nous fait entrer de plain-pied dans la musicosphère de Lomelda, à l’esthétique onirique et aux accords pacifiques. Sing for Stranger commence comme une maquette batterie-guitare rythmique qui se mute, après quelques secondes, en tentative de syntonisation de la station Radio Nulle-Part. Il pourrait s’agir d’un interlude ou alors d’une intro à Wonder, la chanson qui suit. Ici, la guitare s’électrifie quelque peu, des accords répétitifs de piano annoncent une ritournelle indie pop, mais c’est en territoire lo-fi amplifié qu’on se retrouve, comme si Elliott Smith et Stephen Malkmus se balançaient gaiement sur un tape-cul. Ensuite, Lomelda nous refait le coup des baisers si légers dans Polyurethane, un air acoustique qui devrait émouvoir les musicophiles les plus endurcis : « Je pleurais pendant que le polyuréthane séchait », affirme Lomelda d’une voix flageolante. La talentueuse jeune femme et ses vaillants compagnons enchaînent ensuite avec Reach, un mini-hymne rock indie qui nous prouve que le romantisme – qui existe depuis quoi, 250 ans? – ne montre absolument aucun signe d’essoufflement, bien au contraire. Suivent encore huit autres chansons tout aussi réussies, ce qui nous fait un album touffu dans le très bon sens du terme. Oh, et puis si Both Mode n’est pas une sorte de clin d’œil au Misunderstood de Wilco (sur Being There), je ne sais pas ce que c’est. Pour conclure, osons affirmer que Hannah est l’un des meilleurs albums folk-rock des trois premiers trimestres de 2020.
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