Arvo Pärt à la guitare électrique? Oh que oui! On est bien entendu très loin du guitar hero traditionnel ici, mais il y a à mon avis quelque chose d’héroïque à vouloir interpréter une musique aussi dénudée, aussi pure dans son économie et sa recherche de l’essentiel sonore, sur un instrument tellement associé à la virtuosité spectaculaire et à la tonitruance expressionniste.
Quoi qu’il en soit, le pari est entièrement réussi! Le guitariste Günter Herbig, qui a réalisé les arrangements lui-même, a brillamment transposé le minimalisme mystique du compositeur estonien vers le monde sonore réverbérant de la guitare électrique. Joué avec une douceur angélique, la Gretsch White Falcon de Herbig capture l’essence de la pureté sonore de Pärt tout en lui offrant un petit supplément d’âme sous forme d’un espace sonore habité et embrassé de façon inusitée. Le son de l’instrument électrique, effleuré plutôt que pincé par son maître, devient ainsi une sorte de synthèse originale entre l’organique et l’électromagnétique. On entre dans une dimension sonore adaptée à une seule chose : la contemplation bienfaisante, refuge face aux horreurs du monde.
Wherever I Go… est une véritable leçon de zénitude par l’un des grands poètes de la guitare électrique contemporaine. Peu importe où vous irez (wherever you go…), la musique et l’esprit de cet album vous habiteront longtemps.