Pays : États-Unis Label : Willowtip Records Genres et styles : avant-garde / death metal technique / death-metal Année : 2024

Gigan – Anomalous Abstractigate Infinitessimus

· par Laurent Bellemare

Le très célèbre groupe français Gojira (nom original de Godzilla) n’est pas seul à s’être baptisé d’après un kaiju, ces gros monstres japonais aux capacités destructrices incommensurables. Dans une couche plus profonde du métal extrême, il y a l’anomalie Gigan (l’ennemi de Godzilla!) qui œuvre humblement depuis bientôt vingt ans de l’autre côté de l’Atlantique. Mais pendant que Gojira mûrit en s’éloignant de son passé death metal, Gigan s’accroche fermement aux formes les plus extrêmes du genre pour en repousser les limites.

De tous les innovateurs récents du death metal ayant une fixation sur l’espace et la science-fiction, Gigan a toujours été le plus impénétrable. Encore plus que Wormed, Origin et Artificial Brain, ce trio établi à Chicago construit son univers non pas seulement par la rapidité et l’angularité déroutante de ses structures, mais également par la texture dense qui se déploie. Il y a notamment une liberté dans l’exécution à la batterie et une épaisseur dans les couches de guitares que l’on associerait davantage à l’improvisation libre et au post-rock, respectivement. Pourtant, le résultat demeure absolument infranchissable sans une certaine accoutumance aux sonorités abrasives du death metal.

Heureusement, Anomalous Abstactigate Infinitessimus,cinquième album de Gigan, comporte son lot d’accroches qui provoquent la montée d’adrénaline attendue pour le genre. C’est une musique intelligente, savamment composée et pour laquelle les écoutes répétées sont payantes. Malgré l’opacité de la musique, les arrangements sont finement détaillés. Pensons aux ajouts instrumentaux qui viennent bonifier la texture sonore, comme les synthétiseurs, le thérémine et l’otomatone, qui se font davantage ressentir qu’entendre. Loin d’être une tactique tape à l’oreille, ces éléments contribuent à l’atmosphère psychédélique qui parcourt cet album. La production, qui met plutôt la masse sonore que la performance instrumentale en valeur, accentue également cet effet.

En somme, il est difficile de hiérarchiser les albums de Gigan. Ils contribuent tous à leur manière à la richesse discographique du projet. Certes, Anomalous Abstractigate Infinitessimus, à l’instar de ses prédécesseurs, est l’expression rafraîchissante d’un groupe en pleine possession de ses moyens, mais également en quête perpétuelle de dépassement.

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