André Canniere est un trompettiste né en Pennsylvanie, mais faisant carrière en Grande-Bretagne depuis quelques années. Avant d’y déménager ses pénates, il a joué joué notamment avec Donny McCaslin, Maria Schneider et Darcy James Argue. Il loge maintenant à l’enseigne de Whirlwind Recordings, un label géré par un autre expatrié américain ayant élu domicile à Londres, le contrebassiste Michael Janisch.
Ghost Days est le quatrième album que Canniere publie en tant que leader. Il y retrouve deux des membres du sextet avec lequel il avait enregistré son disque précédent, The Darkening Blue : la chanteuse Brigitte Beraha et la saxophoniste Tori Freestone. Rick Simpson (piano), Tom Farmer (contrebasse) et Andrew Bain (batterie) complètent la nouvelle équipe que dirige le trompettiste.
À l’origine de ce projet, les mots de deux poètes : Malika Booker et Rebecca Lynch. Canniere s’est basé sur la cadence des poèmes écrits par les deux femmes pour concevoir les musiques de ses nouvelles pièces. Les thèmes abordés sont de teneur plutôt sombre : le deuil, l’anxiété, le sentiment d’aliénation. Canniere et ses musiciens ont tout de même su en tirer de la lumière afin de nous proposer des musiques teintées d’espoir.
La richesse du matériau textuel utilisé par Canniere y est peut-être pour quelque chose, Ghost Days est son album le plus abouti à ce jour. La section rythmique s’acquitte très bien de sa tâche, mais ce sont surtout les échanges relevés entre le leader et la saxophoniste, ainsi que la performance de la chanteuse qui retiennent l’attention. La voix de Behara est tantôt une caresse qui réconforte, tantôt un feu d’artifice comme en témoigne ses folles vocalises vers la fin de Suicides. En résulte un très bel album de jazz vocal.