Plus tôt cette année, les membres Black Midi (dont les Montréalais se souviendront de la participation à la programmation du FIJM en 2023) ont confirmé leur séparation. Cependant, ceux qui ont été déçus par cette nouvelle peuvent se consoler en observant que Geordie Greep, l’ancien leader du groupe, n’a pas perdu de temps pour annoncer un album solo qu’il a audacieusement intitulé The New Sound. Avant le 4 octobre, nous n’avions que le single Holy, Holy pour nous aider à spéculer sur l’ampleur du nouveau son que serait le reste de l’album. Le single s’éloignait certainement des sensibilités post-punk et prog de Black Midi, mais là encore, on ne sait jamais à quoi s’attendre de la part d’un excentrique comme Greep. Depuis sa sortie, je pense que j’ai finalement restructuré ma pensée sur la dernière offre de Greep et je crois qu’il a atteint un son partiellement nouveau.
Cet album, à mes oreilles, est un mélange hétéroclite de jazz-fusion des années 70, de funk, de prog, de latin, de post-rock et même de théâtre musical, avec des paroles ironiques et des histoires épiques. Il y a une multitude d’influences et d’idées qui rebondissent les unes sur les autres dans cet album, et le tout s’assemble comme une belle salade. Cela dit, j’ai l’impression que Cavalcade (2021) et Hellfire (2022) de Black Midi ont réalisé des prouesses similaires en termes de maîtrise d’un éclectisme sauvage. C’est dire à quel point Greep a influencé l’écriture de son ancien groupe (même les intros de Holy, Holy et de John L se ressemblent de manière humoristique).
En d’autres termes, une grande partie de l’écriture des chansons semble très familière. Motorbike, par exemple, s’inscrit fermement dans le moule de la musique post-rock anglaise frénétique qui comprend des groupes comme Horsey, Black Country New Road, Black Midi, et d’autres. Ce n’est pas une surprise quand on sait que Seth Evans, le co-auteur de la chanson, est très présent sur cette scène depuis des années. Et comme si cela ne suffisait pas, Greep a inclus The Magician sur cet album, une chanson que son ancien groupe avait l’habitude de jouer en concert. En tant que tel, The New Sound n’est pas exactement une erreur d’appellation (Black Midi a rarement, voire jamais, utilisé les influences latines et funk que l’on voit ici), mais il ne tient pas non plus toutes ses promesses.
Je dirais que les éléments les plus rafraîchissants de cet album proviennent des éléments latins sous la forme de congas, de bongos, de triangle et de pandeiro comme Terra, The New Sound et Bongo Season. Ces sélections rappellent parfois des artistes comme Jaco Pastorius ou Chick Corea et constituent le plus grand écart par rapport à tout ce qui est lié à Black Midi.
En fin de compte, je pense que cet album est bien exécuté, bien composé, bien produit, mais pas exactement différent de ce que Greep a fait dans le passé avec Black Midi. Cependant, nous devrions probablement lui accorder plus de temps pour se redéfinir alors qu’il entre dans la prochaine phase de sa musique, quelle qu’elle soit.