Depuis son ascension spectaculaire en popularité, l’implacable Full of Hell s’est fait connaître au moins autant par ses albums de grindcore chaotique que ses collaborations plus expérimentales. Cette fois-ci, c’est avec Nothing, figure montante du shoegaze musclé que les américains récidivent.
La rencontre entre les deux artistes force d’emblée un terrain d’entente. Full of Hell doit ralentir. Nothing, pour sa part, se doit de trouver une manière d’orner les passages les plus denses de ses échantillons et délais. Heureusement pour le second groupe, When No Birds Sang contient des titres dont les canevas respirent beaucoup plus que les courts élans déchaînés auxquels le quintette grindcore nous a habitués. Il y a donc matière à tartiner la texture sonore de couches de guitares et autres échantillons. D’ailleurs, aucun morceau ne joue dans la zone du blast beat et des structures angulaires défilant à toute allure. En fait, les pièces sont plutôt longues et se développent lentement, comme on s’y attendrait pour du post-rock et ses dérivés. Par moments, la musique s’aventure dans le gouffre vaseux du doom grondant de feedback.
Le principal défaut de l’album, c’est qu’on sent toujours que l’un des deux artistes est accessoire, ne contribuant que de manière superficielle à la texture globale pendant que l’esthétique musicale de l’autre bat son plein. Habituellement, ce sont les collaborateurs de Full of Hell qui se perdent dans le chaos. Mais cette fois, les rôles sont renversés, et on cherche le grain de sel d’adrénaline noyé dans le bain de son atmosphérique signé Nothing. Au mieux, on a affaire à une version plus criarde et pesante de ce que le groupe de shoegaze offre généralement.
Chose certaine, c’est que côté rayonnement, le choix d’étiqueter cet album sous les marques de commerce respectives des artistes est plus stratégique. D’un seul coup, chaque groupe se permet d’expérimenter hors de sa zone de confort tout en garnissant sa discographie, chose qui ne saurait déplaire à leurs amateurs les plus avides.