Il se passe quelque chose de grand de l’autre côté de l’océan Atlantique, de très grand. En véritable essor créatif depuis quelques années, la scène post-punk au Royaume-Uni et en Irlande a donné naissance à des formations comme IDLES, Squid, shame, Black Country, New Road ou encore, sujet de cette critique, Fontaines D(ublin) C(ity). Menée par Grian Chatten, la troupe irlandaise a lancé à l’automne un quatrième album, témoignant d’une véritable rupture avec les influences tangibles de ses trois premiers projets. Bye bye post-punk, donc, et bonjour rock-alternatif-grunge-très-80s-et-90s!
On trouve dans ce Romance une esthétique évoquant des groupes comme The Smashing Pumpkins, The Smiths, Nirvana (à écouter l’introduction de Death Kink pour comprendre) ou encore Pixies. Ce changement de ton drastique peut notamment être expliqué par un nouveau capitaine à bord du navire, James Ford, producteur des Arctic Monkeys et Gorillaz, ayant remplacé le fidèle Dan Carey des débuts. Starbuster, mêlant avec brio rock et hip-hop, est une bombe à écouter sans modération, tout comme Bug, également excellente à sa manière, aux paroles quasi fatalistes signées Chatten. Sans aucune erreur de parcours dans sa discographie, Fontaines D.C. se retrouve aujourd’hui dans une position intéressante : le quintette irlandais a l’occasion de rallier une bonne fois pour toutes les amateurs nostalgiques de « vrai » rock (j’utilise l’adjectif « vrai » pour marquer une différence entre Fontaines D.C. et les horribles Måneskin, Greta Van Fleet, etc. de ce monde) et de mener un mouvement comme on n’en a plus vu depuis 20 ans. Les salles se remplissent particulièrement vite partout dans le monde, la reconnaissance critique est là (deux nominations aux Grammys 2025). Il y a une place à aller chercher, entre authenticité et potentiel commercial. Certainement.