Les grandes avancées technologiques ont souvent des conséquences insoupçonnées. Quand l’imprimerie fut inventée au 15e siècle, on a immédiatement vu l’importance que ça aurait sur la diffusion des idées et des livres, tels la Bible. Mais avait-on prévu que toute la musique occidentale serait transformée durablement par l’impression de chansons populaires? Probablement pas.
C’est pourtant ce qui est arrivé. Une fois facilement disponibles en partitions imprimées, les airs les plus célèbres de leur temps ont pu être utilisés par nombre de musiciens (flûtistes, gambistes, claviéristes), qui les ont transformés en versions instrumentales à partir desquelles toutes les expérimentations ont été possibles. La polyphonie naissante a inspiré la superposition et l’entrelacement des voix, menant au contrepoint. Toute la musique occidentale, oui toute, est construite sur cette base. Et cette base, on la retrouve d’abord en Italie, contrée imbibée de chant, sous forme simple ou polyphonique, de la canzonetta au madrigal.
Le quatuor Flûte alors!, composé de Vincent Lauzer, Marie-Laurence Primeau, Alexa Raine-Wright et Caroline Tremblay explore ce répertoire riche mais peu connu du grand public dans l’album Scherzi forastieri. On y retrouve de très belles fantaisies, des variations, des canzonas, des transcriptions et des ‘’diminutions’’ (des partitions qui indiquent la forme des ornements (improvisés) à faire dans certains passages associés à des airs précis).
La précision de jeu des quatre interprètes est excellente, et surtout la justesse, ce qui n’est pas donné dans un ensemble de flûtes à bec.
Un album de musique nichée mais agréable, et qui saura plaire à un public adepte de plongée dans les racines lointaines de toute la musique occidentale.