Sur leur plus récent album, Florry en appellent au relâchement lucide et optimiste.
Florry est un projet mené par l’autrice-compositrice-interprète originaire de Philadelphie Francie Medosh. Après avoir déambulé les années à travers diverses itérations créatives, elle vit une sorte d’épiphanie dans le renfermement de la pandémie, lui révélant le sujet de ses prochaines chansons: l’intense abandon de l’espoir et du relâchement.
D’une voix très nasillarde, elle raconte des rêves, des histoires de route, elle explore sa relation à sa vie d’artiste et se remémore les saisons, le temps passé, les amours passés… le tout avec un sourire en coin.
The Holey Bible évoque ce genre de fatigue bien méritée après une longue et bonne journée. Une fatigue satisfaisante, une fatigue mûre et compliquée qui nous rend fiers de s’être rendus au point où elle nous est accessible. Une fatigue qui, dans un sens, est revigorante… Ce sentiment de nostalgie mature imprègne toutes les onze chansons, des plus rockeuses aux plus errantes, et ce si fortement qu’il donne au bout du compte l’impression de ressentir le crépuscule non pas d’un jour, mais de centaines de jours en simultané. Sacré soulagement.
La musicalité du projet est aussi à mentionner. Tout d’abord, c’est très bien fait. La palette sonore est remplie des essentiels: guitares, pedal steel, violons, tambourins. Définitivement country. Surtout, on pourrait croire, d’une oreille détachée, que le tout est très traditionnel. Or, quand on écoute bien, on remarque que chaque chanson comporte un petit quelque chose d’inclassable, un élément qui nous fait lever ou froncer les sourcils. Que ce soit un détail rythmique, mélodique, vocal, un temps de plus sur la mesure, un accord de plus dans la progression, une harmonie inattendue, une voix qui bêle, etc. De telles petites surprises piquent l’attention, ajoutent à l’effet de spontanéité, de nonchalance et de candeur qui sont déjà des grandes forces de l’album. C’est comme si on avait demandé à d’habiles musiciens de jouer à l’enfant à qui on a demandé de composer une chanson country de mémoire, onze fois plutôt qu’une.
Après tout, l’esprit de jeunesse est bien présent. Certaines de ces chansons ont été écrites par une Medosh âgée de 19 ans. Voilà quelqu’un qui, face au désespoir contemporain et au vertige des années à venir, s’est tournée vers le radieux éclat du soleil, vers les sourires et les pleurs de ses amis, et en a capturé l’énergie.