Disons-le d’emblée : Guérison, de la Genevoise Amina Cadelli, alias Flèche Love, n’est pas un album à écouter en groupe dans une soirée où l’on socialise. C’est un album profondément intérieur qui plonge dans les émotions à vif de la chanteuse d’origine suisse et algérienne, qui requiert une écoute attentive. Mais l’expérience en vaut la peine.
L’autrice-compositrice évoque une » vocalo-thérapie pour s’exorciser de son enfance dysfonctionnelle « . Mais c’est aussi un retour à ses origines berbères, par sa mère, ainsi qu’un rappel des nombreux voyages qu’elle a effectués pour tenter de comprendre son identité.
Guérison est le troisième album de Flèche Love, après Naga, Pt. 1 (2019) et Naga Part. 2 (2021). Ces deux disques flirtaient beaucoup avec l’électro et étaient très largement chantés en espagnol. Pour le nouvel opus, l’orchestration est beaucoup plus variée, quasi symphonique par moment, avec de multiples instruments. Le principal demeure la voix, très personnelle, de Flèche Love. Qui chante en français, en amazigh (berbère), en darija, dialecte populaire du Maghreb et un tout petit peu en anglais.
C’est un voyage musical sophistiqué, très bien construit, qui nous emmène au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, mais aussi en Occident, avec des influences classiques, jazz et électro. Et cette voix qui, parfois, nous transperce à vif. On entend aussi la marocaine Oum et l’algérien Cheb Anouar dans les deux premières pièces.
Guérison nous immerge souvent dans des zones d’ombre, mais on y sent aussi la lumière. C’est un disque compliqué…comme la vie.
Cet itinéraire musical sur la douleur d’une femme représente un formidable contrepoint à The Tortured Poets Departement de Taylor Swift. Elle ne vendra pas autant de disques, mais voici une trajectoire plus originale. Par ailleurs, je n’ai rien contre Taylor, mais lisez la critique d’Alain Brunet. Vous comprendrez mieux ce que j’essaie de dire.
Il reste une énigme à résoudre : un titre s’intitule Money (Variation en la mineur) et un autre God Only Knows. Je cherche encore le lien avec Pink Floyd et les Beach Boys. Mais c’est excellent.
On entendra encore parler de Flèche Love, c’est certain!