A 70 ans, ce pianiste d’origine ukrainienne a plus de vie au bout de ses doigts infatigables que bien des gens qui ont la moitié de son âge en ont dans tout le corps. C’est la vie dans toute sa lumière et ses ténèbres, les deux irrémédiablement enchevêtrés. Les compositions ensorcelantes de Melnyk se nourrissent de paradoxes – simples mais denses, exubérantes mais tendues, menées avec sauvagerie mais suivant leur voie tranquillement. Les trois premières pièces mettent en appétit pour la suite-titre de 20 minutes, ample et exaltante, agrémentée d’une judicieuse intro violoncelle et voix, celle de la chanteuse ensorceleuse londonienne Hatis Noit. Ces arbres abattus font du bruit dans la forêt de la musique moderne et il est sublime.
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