Figure fondamentale du courant broken beat né au tournant du siècle, Mark de Clive-Lowe, originaire de Nouvelle-Zélande, a à son actif un bon quart de siècle de musique de qualité, au carrefour du platinisme hip-hop, de la house et du jazz de haut niveau.
Japonais du côté de sa mère, il avait largement fait abstraction de ce patrimoine alors qu’il plantait son drapeau dans les clubs et les studios de Londres et de Los Angeles. Mais l’an dernier, avec ses deux albums Heritage parus sur Ropedope, de Clive-Lowe a résolument corrigé la situation en revisitant ses racines avec un soul-jazz épatant serti d’ornementations électroniques. Américains pour la plupart, les musiciens qui l’accompagnaient de façon convaincante sur ces deux enregistrements possèdent tous une feuille de route bien remplie.
Parallèlement, de Clive-Lowe avait en préparation un autre projet qui est presque l’envers d’Heritage. Après avoir recruté ses musiciens préférés de la scène jazz-groove japonaise, parmi le Kyoto Jazz Massive notamment, il a rassemblé ces « samouraïs sans maître » pour former le Ronin Arkestra (le nombre de koku versés en salaire n’a pas été révélé). Le caractère japonais du groupe était assez tangentiel cependant, ou même un peu irrévérencieux (les pièces s’inspirent d’épisodes de la série d’animation Samurai Champloo).
L’approche du Ronin Arkestra s’inscrit dans le courant récent de relance du free jazz classique sur les pistes de danse à l’ère numérique. Le nouveau single, Fallen Angel (Edit), est en fait un montage resserré d’un jam de neuf minutes tiré de l’excellent long métrage Sonkei sorti l’automne dernier. Joué avec entrain et réalisé avec brio, il illustre bien le savoir-faire de ces musiciens chevronnés et l’esprit enthousiaste et optimiste, voire euphorique, qui les a animés.