On a tendance à négliger l’Indonésie quand on passe en revue le rock psychédélique, la pop et le funk vintage à l’échelle de la planète. C’est dommage, parce qu’il y a là-bas des trucs formidables (bravo à Koes Plus et Dara Puspita, pour commencer). La Munai Records de Djakarta a ainsi ressuscité la discographie du Harry Roesli Gang du milieu des années 70, riche en prog-folk-rock-jazz-funk groovy influencé par le gamelan.
Le label présente aussi de nombreux artistes actuels, certains de rock psychédélique proprement dit, d’autres faisant plutôt dans le dub reggae, le surf ou même le doo-wop sépulcral, comme Sundancer. Fairytale of Megabiodiversity, la plus récente compil de néopsychédélique indonésien de La Munai, fait honneur à son titre et offre un éventail impressionnant de musiques imaginatives. Plusieurs groupes affichent ouvertement leur filiation aux années 1960, d’autres présentent des influences plus variées.
Sur Madiba, le groupe Freedom of Choice tire le meilleur d’un simple riff de guitare saharienne, de percussions métalliques et d’un saxophone incisif. World as Festival d’Aksan Sjuman & The Committee of the Fest est un étrange et merveilleux truc vaguement jazz et le space-rock S.Y d’Astrolab ressemble à un débris spatial traversant la stratosphère. Rhymes of Adorer de Ray Magus est la pièce la plus aboutie de cette série, une sorte de grandiose gâteau de noces d’über-pop, suivie peu après par la toute dernière, pas mal plus libre et décontractée, Ramayana Soul de Dawai Batu Gajah, chanson de feu de camp joliment débridée, avec une touche de bénédiction hindoue.