Puscifer est un projet hybride dont Maynard James Keenan tient solidement les rênes. Pivot de Tool, celui-ci est aussi à l’origine du groupe A Perfect Circle, ainsi, donc, qu’à la tête de Puscifer, un autre super groupe, mais dans lequel les musiciens vont et viennent à leur guise. Jamais un album n’aura vu les mêmes musiciens, à l’exception de Maynard et Carina Round qui forment le noyau permanent du groupe. Ils y composent ensemble une musique hybride, elle aussi, toujours rock, mélangeant habilement des sonorités électroniques qui agissent comme une espèce de voile venant assombrir un rock lancinant et lourd de sens, comme l’illustre Bread and Circus, titre d’ouverture d’Existential Reckoning.
L’atmosphère, mystique, est propice aux ambiances brumeuses et obsédantes. Ne cherchez pas le riff de guitare et encore moins les solos de batterie, ce n’est pas ce dont il s’agit ici. Maynard et sa bande nous emmènent dans leur monde mystérieux et cotonneux, dans une sorte de balade en forêt tôt le matin en cette fin d’automne, là où la brume encore basse obstrue notre vision et la fraîche rosée du matin vient caresser délicatement nos joues sur les douces notes de Personal Prometheus. Les voix de Keenan et de Carina forment un duo merveilleux qu’on se plaît à écouter attentivement, elles captent notre attention pour ne plus la lâcher. Le titre A Singularity mystifie l’âme et ensorcelle. À chacune des productions, l’accent est mis sur les instruments et leur présence semble indispensable, à l’image de Bedlamite qui clôt l’album en mettant à l’honneur la basse qui claque, ajoutant ainsi un groove supplémentaire à cette douceur musicale omniprésente. Existential Reckoning est dans son ensemble une belle réussite poétique et, comme chaque fois, la magie du génie musical de Maynard James Keenan opère à merveille.