Dans les sables mouvants du jazz moderne, une nouvelle voix prometteuse a émergé sous la forme d’Emma Rawicz, et son deuxième album, Chroma, est un vibrant témoignage de son talent toujours en plein essor. Avec Chroma, Rawicz nous offre une expérience d’écoute mature et multiforme qui met finalement en valeur son talent artistique au-dessus de ses capacités techniques.
L’un des aspects saillants de Chroma est le savoir-faire compositionnel de Rawicz. « Phlox » démarre effrontément l’album avec du konnakol, préfaçant l’importance que le rythme joue dans son processus d’écriture. Les signatures rythmiques étranges et les accords complexes ne manquent pas qui laisseraient même Steely Dan se gratter la tête, mais ce n’est pas égoïste. Au lieu de cela, Rawicz utilise ces subtilités comme des coups de pinceau sur une toile, créant des paysages vifs et complexes qui vous attirent par leur style mais vous y maintiennent pour leur substance.
Chroma semble souligner l’engagement de Rawicz envers une musique axée sur l’émotion. Chaque morceau ressemble à une confession sincère ou à un secret murmuré, délivré à travers son saxophone expressif et sa voix évocatrice. Le fait qu’elle soit à la fois chanteuse et saxophoniste garantit à ses compositions un ancrage mélodique dont elle s’éloigne. Qu’elle explore les profondeurs mélancoliques d’une ballade comme dans le magnifique « Middle Ground » ou lors d’une excursion jazz frénétique comme dans la tentaculaire suite « Xanadu », la sincérité et la créativité de Rawicz transparaissent.