L’excellente Elinor Frey nous propose d’autres belles découvertes, résultat de ses incessantes investigations dans les bibliothèques musicales d’Europe. Ici, ce sont des concertos italiens qui ont contribué, au tournant du 18e siècle, à stimuler l’envie des compositeurs et des mélomanes à s’intéresser à cet instrument qui commençait tout juste à s’affirmer comme soliste à part entière.
Frey utilise deux instruments : un violoncelle régulier et un autre plus petit et plus aigu, typique d’un instrument en vogue à l’époque baroque. C’est la raison pour laquelle des extraits de sonates pour violon de Tartini sont ici jouée sur ce violoncelle plus haut perché.
L’essentiel du programme s’articule autour de quatre concertos redoutablement virtuoses. Même si la remarquable excellence technique de Frey est mise à rude épreuve dans le 3e mouvement du Sammartini (un compositeur à redécouvrir, et qui enseigna à Bach), le jeu leste de la Montréalaise donne vie à ces oeuvres ensoleillées qui ne ratent jamais la cible en terme de plaisir d’écoute. Vivaldi, Leonardo Leo (un compositeur important pour le violoncelle baroque, à redécouvrir lui aussi) et Tartini complètent un choix révélateur des inclinations de la soliste : redonner une attention respectueuse à tout un répertoire largement oublié, et ce avec une qualité d’interprétation de très haut niveau.
L’occasion est belle également pour prendre conscience qu’une scène baroque s’épanouit dans l’Ouest canadien. En effet, Rosa barocca est un ensemble de Calgary. Il est dirigé par Claude Lapalme. Je suis heureux de les entendre pour la première fois.