Dall’Abaco and the Art of Variations sera disponible dès le 2 février 2024
J’ai reçu par la poste ce tout nouveau disque de la violoncelliste Elinor Frey, accompagné d’une très gentille note signée de sa main. Elinor est une amie, mais cela est tout à fait indépendant de l’admiration que je lui porte : elle est actuellement l’une des meilleures violoncellistes baroque de la scène internationale. Elle est également une musicologue passionnée et dévouée qui fait avancer sans cesse notre connaissance des premières décennies de la musique pour violoncelle. Grâce à elle, nous sommes désormais familiers avec les musiques de Jean Baur, d’Antonio Vandini, Angelo Maria Fiorè, entre autres, et surtout Giuseppe Clemente Dall’Abaco, pour lequel la Montréalaise a manifestement de l’affection spécifique puisqu’il s’agit ici, avec The Art of the Variation, du troisième album complet qu’elle lui consacre.
Dall’Abaco était reconnu comme un virtuose de premier plan au 18e siècle et ses compositions pour violoncelle rendent compte de sa technique de haut niveau, et aussi de sa compréhension de l’instrument. Ses partitions marient un excellent sens de la mélodie avec une belle richesse harmonique et des traits virtuoses qui offrent un solide terrain de jeu pour les instrumentistes. Elinor Frey est à la hauteur des défis imposés. Accompagnée de Federica Bianchi au clavecin, d’Octavie Dostaler-Lalonde au violoncelle (basse continue) et de Michele Pasotti au théorbe, l’Accademia di dissonanti du titre, ainsi que d’Eva Lymenstull, troisième violoncelle dans les trios, elle fait revivre un ensemble de compositions qui ont toutes un espace plus ou moins étendu consacré à l’exercice de la variation. Que ce soit dans un mouvement de sonate ou dans les entrecroisements raffinés de trios pour violoncelles, l’art de la métamorphose thématique, harmonique, mélodique et rythmique imprègne l’ensemble de l’album.
Le jeu d’ensemble, ainsi que les passages solistes, sont exquis, profitant aussi d’une très belle prise de son. Du vrai bonheur, qui ne se contente pas de rejouer du répertoire bien balisé, mais qui nous invite plutôt à enrichir notre connaissance et notre appréciation d’un large pan de la musique du 18e siècle que nous avions presque complètement oublié.