Le musicien québécois Boogát s’est bâti une réputation avec du rap en espagnol sur des rythmes latino-américains d’ordinateurs portables, mais on a toujours eu l’impression qu’il se sentait à l’étroit à l’intérieur de ces limites. Il est donc réjouissant, mais pas surprenant, qu’il ait décidé de débrancher et de plonger plus en profondeur dans l’histoire de la musique.
Le premier extrait de cet EP, le frénétique jazz manouche d’El Gato Rumbero, annonçait un album tout acoustique, léger, lumineux et énergique qui flirte sans honte avec le plus pur kitsch et pige allègrement dans les musiques démodées d’antan, ce qui aurait donné une éphémère curiosité si ç’avait été fait par quelqu’un de moindre talent.
Mais il y a de la ferveur dans la voix de Boogát, son débit est maîtrisé – avec ses R qui roulent et grondent – et on pourrait en dire autant de ses compositions. Le niveau d’énergie monte d’un cran à l’avant-dernier morceau, le dangereusement turbulent Las Miradas No Mienten.
Puis arrive le triste et solennel ¡Al Ratito, Catrina! presque lugubre avec ses trompettes funèbres. Mais ce n’est pas grave, il se rattrappe avec la reprise vocale émouvante de Natalia Telentso dans le dernier tiers.