Breakfast in Bed s’ouvre sur la pièce du même nom : riff keith-richardsien, basse fluide, juste assez d’ornements synthético-actuels dans le refrain pour rappeler au musicophile qu’il n’est pas en juin 1993, en train d’écouter le tout fraîchement lancé Exile in Guyville, mais bien en mai 2022. Gabrielle La Rue nous chante le dur lendemain de veille d’une femme ébranlée, mais bien vivante. Easy Tiger (expression qu’on pourrait traduire par « Calmos, le gros ») est un duo flambant neuf formé de Gabrielle, ancienne de chez NOBRO, et de Sarah Dion, toujours de chez NOBRO et des Shirley. Dans Ibiza, la deuxième chanson de ce microalbum qui en compte six, la narratrice exhorte Harry Potter à exaucer sa prière. Midnight Snack suit, avec sa guitare rythmique bien tom-pettyenne et son orgue à la Spooner Oldham. Havre St-Pierre entre dans la catégorie très restreinte des ballades qui combinent le caravaning avec le gin-lime. On pourrait ranger Toothbrush dans la case « power-pop imbibée de vin et de rye sur glace ». Puis, tempo mollo et synthés scintillants sur Chemtrails, un autre constat de dévastation amoureuse pour la narratrice. Le musicophile, quant à lui, constate qu’il est bien goûteux, ce Breakfast in Bed. Il se dit que si le monde anglo-saxon a eu ses Pretenders, Throwing Muses, Liz Phair, Yeah Yeah Yeahs, Waxahatchee et Courtney Barnett, pourquoi n’aurions-nous pas nos Easy Tiger ici même?
