La musique électronique faite avec une vieille lutherie vintage a quelque chose de charmant et d’honnête, dans le sens ou elle n’essaie pas de ‘’remplacer’’ des instruments acoustiques, mais bien de créer des sonorités inimitables. Je ne dit pas que la lutherie synthétique contemporaine ne fait que de l’imitation de violons ou de basses ronflantes (loin s’en faut!), mais plutôt qu’avec les ARP 2500, Buchla et autres vieux Moog, la frontière était bien marquée et la tentation de faire des violons sans avoir à payer de vrais musiciens était inexistante.
C’est un peu dans cet esprit ‘’rétro-pionnier’’ que fonctionne David Merrill, basé à Brooklyn. Pour quelques personnes, Golden Oranges of Mars, le titre de cet album, rappellera le classique Silver Apples of the Moon de Morton Subotnick, l’un des premiers albums purement électroniques ayant réalisé des chiffres de vente ‘’populaires’’, et ce en 1967.
Les sonorités explorées et développées par Merrill sont effectivement trempées dans des couleurs et des textures rétro, absolument charmantes et ludiques. Pour citer le compositeur, les sept plages de l’album sont des ‘’sculpture sonores peintes qui utilisent le son comme un art plastique 3D répondant aux concepts d’espace, de couleur et de temps’’.
Des vagues grisâtres dans les basses, se gonflant et se rétractant plus ou moins régulièrement, sont parsemées de jiclées de couleurs perlées franches, texturées comme des surfaces en reliefs changeants.
La spontanéité que vous détecterez dans les constructions sonores du compositeur ne sont pas une illusion : Merrill improvise ses tableaux et bâti des édifices dendritiques avec son instinct plutôt qu’avec un programme pré-établi. Il commence par générer un son, puis en ajoute un autre, et s’il aime le résultat, il poursuit la démarche. Rien de plus organique, et ceci parfaitement en symbiose avec la nature analogue de sa lutherie.
Puisqu’on en a parlé, voici la Partie A de Silver Apples of the Moon de Morton Subotnick, 1967