Ouuuuuuhhhhh là là que c’est bon. Je ne perdrai pas de temps : cet album du collectif Crossroad Copeland est déjà sur ma liste d’albums de l’année 2023. C’est dit. Maintenant, bien sûr, vous dire pourquoi. Parce que j’ai retrouvé chez cet octuor mené de main de maître par le guitariste et compositeur Ben Copland Gilbert une grande partie du plaisir tripatif que j’avais il y a plus de 20 ans à me bourrer les oreilles des aventures éclatées de Mike Patton avec Mr Bungle. Oui, dans cette virée capotée et capotante qui interculturalise le jazz, le métal, le rap et le lyrisme comme un enfant doué fabriquerait un château avec des Lego, le génie d’un certain fusionnisme bon enfant se manifeste.
Dans la majorité des pièces de l’album, les cuivres rutilants, les guitares insistantes, la basse musclée et la batterie déchaînée sont les témoignages assourdissants (yes!!!) d’un dialogue fructueux entre diverses inspirations stylistiques fort bien touillées dans un bouillon de culture éclaté.
C’est le cas surtout des premiers ¾ (or so) de l’album dans lesquels on savoure le chamoiré de textures aussi opposées que celles de la guitare saturée et grinçante, des chorus de cuivres vibratoires, parfois du rap et ailleurs la belle voix angélique, très française sixties (genre comédie musicale de Michel Legrand) de Jeanne Laforest. Je pense ici aux deux premiers titres du disque, Lift Off et High, qui nous propulsent dans la stratosphère de l’éclectisme jubilatoire.
Ailleurs, ça blues lourd et plutôt acide, puis, quelques pauses santé nous permettent de reprendre notre souffle et réaligner nos chakras zen.
La conclusion de cet opus excitant se fait étonnamment en relative douceur, comme s’il devenait inutile d’en rajouter. Un peu comme la finale de la trilogie du Seigneur des Anneaux, une longue coda qui laissait décanter les émotions. Certains avaient critiqué. Finalement, c’est exactement ce qu’il fallait faire. Même chose ici. On prend le temps de respirer et on intègre progressivement tout ce que l’on vient de vivre, en appréciant la belle musicalité de l’ensemble du band, capable d’aussi belles choses en mode molo qu’en mode ‘’dans-le-tapis’’. On se délecte de la dernière plage, Playground, un hymne Zeppelin-esque en forme d’arc et de clin d’oeil, voulu ou non, à Stairway…
Me semble que si ça ne vous donne pas envie de vous laisser brasser la cage par Cope Land tout de suite, ça le fera jamais. Pis, si vous aimez ça, faites pas juste l’écouter. Achetez-le! Ils (elle) le méritent.
Musiciens
Ben Copland Gilbert, guitare, rap, compositions, lead
Carl Mayotte, basse
Alex Desjardins, trombone
Violet Hébert et Antoine Tardif, trompettes
Gregory Kustka-Tsimbidis, batterie
Jeanne Laforest, chant
Hugo Leclerc, saxophone