Le Pauliste João Tenório a connu une vie antérieure comme producteur de drum & bass sous le nom de Telefunken au début des années 2000, mais cette période n’a pas grand-chose à voir avec ce qu’il fait ces dernières années sous la bannière Semper Volt. Après deux EP, Tenório présente son premier album sous ce nom.
Sa folk-pop aux pieds nus dans une langue vernaculaire brésilienne est ici intimement et inextricablement mêlée à une riche tapisserie de beats et de sons électroniques, et d’étranges mais charmantes mutations électro-funk, à la fois brutes et organiques. Quelque chose d’assez substantiel, mais jamais trop lourd ni compliqué. Le coup de main d’Ivan « Boi » Gomes à la réalisation y est d’ailleurs sans doute pour beaucoup. Gomes a un CV respectable dans le domaine de la « nova MPB », la nouvelle génération de la música popular brasileira, prenant plus de libertés que jamais avec cette musique hybride, enracinée mais cosmopolite, qui a suivi la bossa nova.
La personnalité de Tenório transparaît dans sa prestation sympathique et décontractée et dans la poésie simple mais efficace de ses paroles. Un bon exemple est le troisième extrait accrocheur Se Juntou, agréablement foisonnant. Massa Crítica de son côté rend compte des contrecoups de l’élection de Bolsonaro. Le moral est à plat, mais pas brisé. « Quando forma multidão é força mística » (Quand la formation d’une foule est une force mystique) répète avec sérieux le chanteur invité São Yantó.
À noter que le père de Tenório, Carlos Balla, un batteur qui a travaillé avec Djavan et Gal Costa, joue ici sur deux morceaux… tout en gardant un œil sur son fiston.