Qui, dans les années 50 et 60 , aurait cru que le langage d’Ornette Coleman serait un classique du jazz contemporain, quarante ans plus tard ? À peu près personne. Et c’est bel et bien le cas en 2021. Joshua Redman l’a parfaitement démontré avec le projet Still Dreaming, sorti en 2018. D’autres projets moins connus reprennent la même instrumentation de l’ensemble originel d’Ornette, qui nous valut ses enregistrements fabuleux de 1958 à 1962, dont l’emblématique Free Jazz : saxophone, trompette, contrebasse, batterie. C’est le cas du Code Quartet, ensemble montréalais constitué de musiciens d’expérience, ayant parfaitement compris la musique d’Ornette Coleman: Christine Jensen, saxophones, Jim Doxas, batterie, Adrian Vedady, contrebasse, Lex French, trompette. La musique s’échafaude sur différentes combinaisons : à deux, à trois ou à quatre. À l’instar du langage ornettien, le Code Quartet propose un mélange de hard-bop, de blues et d’airs afro-caribéens et l’assortit d’un contrepoint improvisé autour de thèmes mélodiques exposés par le saxophone et la trompette, impliquant des lignes mélodiques individuelles variant entre consonant et dissonant, entre tonal/modal et atonal. Voilà un premier pas, parfait exercice de style sur le plan du discours, assorti de solides individualités dans les impros et l’exposition des thèmes. Très beau travail.
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