Le titre du disque s’inspire de celui du livre de Michel Leiris Nuit sans nuit et quelques jours sans jour (1961), dans lequel l’auteur français se posait des questions existentielles telles que de quoi sont faits les rêves, pour conclure qu’ils sont, essentiellement, de la poésie. On est tout à fait là-dedans, la poésie et le rêve, avec la musique du trio que forment Espen Reinertsen (saxophone et électroniques), Anja Lauvdal (piano et synthétiseurs) et Christian Winther (guitares acoustique et électrique).
On est bien chez SOFA Music, une étiquette norvégienne – comme le trio – dirigée par les musiciens Martin Taxt, Ingar Zach et Kim Myhr. Le catalogue de la maison est rempli de projets originaux qui sont souvent le résultat d’improvisations qui se développent dans la durée, le calme et l’amour des sons organiques. C’est exactement ce que l’on trouve ici, au fil de cinq courtes pièces (quatre à six minutes) qui s’enchaînent pour former la bande sonore d’un drôle de rêve. Et cela passe par différentes atmosphères qui changent constamment, à la vitesse d’un nuage traversant un ciel sans vent (tel que mentionné dans le communiqué de presse, de manière poétique). À noter que la pochette est signée Stephen O’Malley, mais on ne trouvera aucune trace ici d’une influence de Sunn O))), loin de là.
Ça commence d’une manière un peu triviale, avec un synthétiseur imitant une harpe comme le cliché qu’on entend dans les dessins animés lorsque le personnage s’endort, mais la suite nous entraîne doucement plus profondément dans le songe et les images se multiplient. On regrette que ce rêve passe aussi vite (26 minutes), mais, par les temps qui courent, c’est déjà ça.