Après Natalia Lafourcade et Mon Laferte, voici Cazzu. Dans les trois cas, il s’agit de chanteuses pop, une Mexicaine, une Chilienne et une Argentine, qui ont choisi, de façons différentes, de quitter leurs statuts de vedettes pop pour se rapprocher des musiques traditionnelles et d’expérimenter de nouvelles avenues musicales.
Cazzu, de son vrai nom Julietta Emilia Cazuchelli, a grandi dans la province majoritairement autochtone de Jujuy, au nord de l’Argentine. Elle s’est fait d’abord connaître comme chanteuse de cumbia urbaine, puis est passée au trap-reggaeton urbain. Avec Latinaje, l’auteure compositrice de 31 ans change totalement de registre, embrassant de multiples styles traditionnels tant argentins que latino-américains. Et c’est pour le mieux.
Sur le premier morceau, Copla, on entend des tambours discrets et des effets électro. Puis, sur Mala Suerte, un mélange de cumbia et de cuivres avec un peu de rap, en hommage à sa fille. Sur Me Toca Perder, c’est de la cachacera, un style de folklore argentin avec violon et un quatuor de chanteurs.
Par la suite, on entend des cuivres mexicains, du bandonéon argentin, des guitares traditionnelles sud-américaines, des violons et des percussions de salsa. De cette alternance entre ballades et chansons plus rythmées, se dégage un hommage festif à la musique latina sous toutes ses formes.
Une pièce reprend aussi partiellement une chanson de Facundo Cabral, un chanteur folk iconique argentin, avec des effets électroniques qui confèrent une modernité intemporelle à cette chanson qui dénonce les patrons.
Il arrive que Cazzu flirte un brin avec les côtés plus kitchs de la musique latine, mais ça ne dure jamais longtemps. Au moment où vous vous dites: « c’est kétaine ça », le rythme change, une voix s’ajoute et ça redevient intéressant.
Plusieurs médias hispanophones ont décrété que Latinaje était l’album le plus intéressant de 2025, jusqu’à ce jour. Mais il y a aussi Cancionera de Natalia Lafourcade, dont vous pouvez lire la recension sur ce site.
Chose certaine, Cazzu se joint à ce mouvement, largement féminin mais pas que, qui veut marier tradition et contemporanéité. Pour les Montréalais, vous pourrez voir Natalia Lafourcade et Mon Laferte au Festival International de Jazz à la fin juin. À quand Cazzu? L’an prochain?